Un miracle, tonalité mineure - aperçu subjectif


En bref

Le « prix de la vie » augmente vertigineusement en Afrique. Le sac de riz a pris 20 % en deux mois, l'essence 40% en deux semaines. Pour des populations qui vivaient déjà sur le fil du rasoir, le coup est rude. Pour une minorité richissime, moins de soucis : la construction de villas et d'hôtels de luxe (merci Kadhafi) bat son plein. Des ouvriers au ventre vide s'y activent du matin au soir, du lundi au dimanche.

Perspectives

La promotion de l'agriculture vivrière et la réorientation de l'agriculture industrielle (abandon du coton) peuvent faire baisser le stress alimentaire. La croissance est forte, +6.5% d'augmentation du PIB au Bénin en 2007. De grosses sommes sont injectées : investissements chinois et indiens, aide publique au développement des pays occidentaux. Objectifs du millénaire pour le développement, discours de la FAO.

Des facteurs positifs, mais :
(1) pas de solution pour le pétrole cher, comment se développer dans le monde contemporain sans trésorerie pour le carburant?
(2) comme c'est la coutume et que les moyens de contraception sont peu développés, la population augmente (+2.8% en 2008 au Bénin).
(3) le système éducatif est dans un état lamentable.
(3) les difficultés économiques ravivent les tensions sociales et poussent les populations à la grève et aux manifestations, parfois violentes.


De quel système politique peut rêver un homme sans emplois qui voit ses cinq enfants affamés, et sa femme mourir car personne n'a pu payer la césarienne ?
Comment recruter des fonctionnaires compétents lorsqu'ils sont sous-payés? Comment combattre la corruption lorsque les flics ont le ventre creux et les chaussures trouées? Chacun essaye de se sortir de la galère, on fait comme on peut.


Que fait le gouvernement ?

Au Bénin, lui aussi il fait ce qu'il peut. Dédouanant certains produits de base et subventionnant le pétrole pour éviter les manifestations. On vide les caisses de l'état déjà vides. Les universités dans un état délabré ne seront pas rénovées, les professeurs des écoles et fonctionnaires demeurent sous-payés. C'est l'incurie, le pied du mur.

Quels leviers pour faire "décoller le pays" ?

Les aides au développement, généralement proposées sous forme de "coopération économique" ne sauraient à elle seule répondre à la question. Les ONG sont des rustines, ce qui n'enlèvent rien à la légitimité et la noblesse de leur travail. Peut-être des investissements privés massifs...qui ne profiteraient qu'à une minorité.

En attendant

Les gens vous sourient. Ils sont ensembles dans la galère, pas rancuniers. Ils pourraient détester tou ces blancs qui on organisé le commerce des esclaves (avec l'aide des chefs locaux), pillé les ressources humaines et naturelles lors du colonialisme, et qui profitent encore de tarifs avantageux grâce aux accords économiques bilatéraux évoqués précédemment.
Hier comme aujourd'hui, une minorité autochtone organise et profite des marchés désiquilibrés signés avec les grandes firmes. Ces comportements se raréfient, notamment au Niger mais pas au Nigeria.

Oui, mais. Les « mèoui» (noir en fon, une langue locale) trouvent ça joli le « yovo » (blanc en fon). Ils aiment aussi les sous qui vont avec. Les enfants crient « yovo yovo!», les femmes vous sourient.
Ils et elles réclament des cadeaux, mais n'assassinent pas trop. Curieux non?

Les jeunes gens veulent rentrer au pays des yovos, rêvent de l'Europe où "l'argent coule à flot".
Ils rêvent de mariage avec un ou une « yovo», veulent « tenter l'aventure», peupler les banlieues françaises, des hotels très particuliers à 12 par chambres, voire dormir dans le métro. Les autocthones parisiens passeront devant ces aventuriers par centaines, quelques pièces de monnaies permettront de survivre avant d'être embauché à l'usine, sans papiers. 45h par semaines, payé 35h...

Que ferait-on à leur place ?


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